lundi 31 mars 2014

Témoignages

TEMOIGNAGE

Pour cette fois, nous laissons l'écriture à une autre personne pour vous parler de Félix. Nous tenons à remercier vivement Nadine pour sa participation au blog et son implication dans la vie de Félix, mais aussi Piérrine, AVS investie. Elles forment à elles deux un binome d'exception. 

" Bonjour,

Je m'appelle Nadine,je suis l'enseignante qui accueille Félix en classe de petite section.
Il est bien question d'accueil, car on ne peut actuellement parler de scolarisation. Félix ne parle pas, il crie, gémit, pleure, voit des choses que je ne vois pas, il sourit, n'a aucune relation avec les enfants de la classe et adultes de l'école, il n'est pas dans les apprentissages scolaires, il peut apprécier qu'on le masse, le caresse , il aime la musique et les chansons.
Félix est un petit garçon touchant avec un regard dans lequel on se perd, mais c'est surtout la détresse des parents qui m'a touchée.
La maman a pris contact avec moi au printemps 2013. Nous nous connaissions déjà, j'avais eu un de ses fils dans ma classe. Elle m'a raconté l'histoire de Félix et par conséquence celle de la famille. J'ai pris conscience de la détresse de ces parents, au bord du gouffre, et de leur combat quotidien.
Qu'allait-il advenir de Félix à la rentrée de septembre 2013 ?
La crèche ne pouvait le garder à temps plein, l'hôpital de jour ne pouvait l'accueillir estimant le cas trop lourd pour sa structure, pas de place en institut spécialisé… La seule possibilité restant était l'école !
Nous nous somme donc réunis, maman, CAMSP, maître référent et moi-même pour préparer l'entrée à l'école de Félix et faire une demande d'Aide Humaine auprès de la MDPH.
Une semaine avant les vacances de novembre, Félix a pu venir à l'école. Enfin une AVS était nommée : Pierrine ! Entièrement dévouée à Félix, elle le contient physiquement toute la matinée pour éviter qu'il ne se frappe.
Effectivement, Félix n'a aucune agressivité envers les autres, mais envers lui, il peut être très violent : coups de poings , coups de genoux dans la tête, frappe de la tête contre les murs ou contre un adulte…
Pour les adultes qui entourent Félix , c'est difficile de supporter l'horrible bruit des coups, les saignements de nez quand il tape trop fort, les pleurs de douleurs, les gémissements, les cris, sachant que l'on peut juste contenir ce petit garçon, l'apaiser, le masser, le caresser, lui chanter une chanson, mais que l'on reste impuissant devant une telle détresse.
Je dois "abandonner" les enfants de la classe (30 autres élèves !) pour prêter main forte à Pierrine, car Félix malgré ses 15 petits kilos peut déployer une force inouïe pour se libérer de notre contention et se frapper (Je n'ai pourtant rien d'une ½ portion…).
Félix a passé une période très difficile, vraisemblablement à causes de douleurs dentaires, c'était une boule d'énergie destructrice. Il a fallu, parfois, lui attacher les bras avec un foulard, cela peut vous sembler barbare, mais l'attacher était vraiment une aide pour lui et surtout une protection.
Félix devra attendre 2 à 3 mois pour pouvoir être soigné… Des caries lui rongent les dents de l'intérieur, en attendant ses parents calme la douleur avec du Doliprane codéïné. Quel adulte accepterait des rages de dents durant des mois et, une fois le diagnostic enfin posé, attendre encore 2 à 3 mois pour être soigné et soulagé ???
Félix vient 3 matinées par semaine, lundi, mardi, jeudi. Le vendredi, la crèche a accepté de le garder pour cette année scolaire. C'est les seuls espaces de répit pour les parents qui, sinon, seraient auprès de Félix en permanence. Pierrine et moi, nous accueillons Félix trois heures par jour. Cela nous permet de prendre toute la mesure de ce que vit cette famille au quotidien et à chaque instant. Ils ont toute notre admiration et notre soutien, mais c'est bien peu dans ce combat. "



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire